(Presque) comme tout le monde - Le Monde 16/09/2011

Sujet: (Presque) comme tout le monde - Le Monde 16/09/2011 Jeu 15 Sep - 13:33

(Presque) comme les autres

Pour ou contre le pacs ? Pour ou contre le mariage homosexuel ? On a beaucoup débattu de ces questions, ces dernières années, en France. Mais qu'en est-il vraiment des couples de même sexe ? A quoi ressemblent-ils ? Comment vivent-ils ? Quelles sont leurs préoccupations ? Dans Etre en couple (gay), l'anthropologue Jérôme Courduriès répond à ces questions en publiant les résultats d'une enquête de terrain qu'il a menée auprès de 59 hommes à travers toute la France. On s'attendait à des révélations croustillantes. Car enfin, les homosexuels n'ont-ils pas des moeurs un peu spéciales ? Savent-ils êtres fidèles ? Leurs couples peuvent-ils durer ? Ne sont-ils pas différents ? D'ailleurs, quand il s'agit d'homosexuels, peut-on vraiment parler de "couple" ?

En réalité, la principale révélation de cette enquête, c'est qu'il n'y en a pas. Les couples gay vivent comme les couples hétérosexuels : d'abord la rencontre, ensuite les premières relations, puis l'installation, la vie commune, le partage (plus ou moins inégal) des tâches ménagères, la gestion de l'argent, la famille, les amis, etc. Tout simplement. Voilà ce que nous apprend cette enquête. On s'interroge alors : certaines vérités ont sans doute échappé à M. Courduriès. Les couples de même sexe ne peuvent pas être aussi ordinaires. Ce n'est pas possible. Allons ! Et cependant, s'il avait raison malgré tout ? Les homosexuels seraient-ils donc... comme tout le monde ? Quelle surprise ! Quelle déception ! Peut-être même, quelle angoisse !

En fait, non. Les couples homosexuels ne vivent pas tout à fait comme tout le monde. Contrairement aux couples hétérosexuels, ils sont confrontés à l'homophobie. Ils doivent donc réfléchir davantage avant de dire qu'ils sont ensemble ; ils doivent parfois se cacher, pour ne pas être exclus socialement ; certains apprennent l'art d'éluder quand on les interroge sur leur vie amoureuse ; d'autres osent parler, mais prennent le risque d'être discriminés. Par ailleurs, ils ne peuvent pas se marier, ce qui constitue une différence notable. Mais, dira-t-on, le fait qu'ils ne puissent pas se marier, est-ce bien de l'homo-phobie ?

Il y a en effet des gens qui affirment : "Je ne suis pas homophobe, mais je suis opposé au mariage des couples de même sexe." J'entends. Cela me rappelle d'autres époques, d'autres lois, d'autres discours. Il fut un temps où les hommes et les femmes de couleur noire n'avaient pas le droit d'épouser des personnes de couleur blanche. Etait-ce du racisme ? Je le crois. Il fut un temps où les personnes juives n'avaient pas le droit d'en épouser d'autres de "race aryenne". Etait-ce de l'antisémitisme ? Je le crois. Il fut un temps (et c'est encore le cas dans de nombreuses régions du monde) où les femmes n'avaient pas le droit d'épouser qui elles voulaient, elles étaient mariées de force. Etait-ce du sexisme ? Je le crois. Il y a de nombreux pays du monde où les homosexuels n'ont pas le droit d'épouser qui ils veulent. Est-ce de l'homophobie ?

Pour ma part, je crois que refuser l'égalité pleine et entière entre homosexuels et hétérosexuels, c'est la définition même de l'homophobie. Je n'en connais pas d'autre.

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ÊTRE EN COUPLE (GAY). CONJUGALITÉ ET HOMOSEXUALITÉ MASCULINE EN FRANCE de Jérôme Courduriès. PUL, "SXS", 448 p., 18 €.
Louis-Georges Tin

merci Mutine Wink

Ingérable Nombre de messages : 15959 Age : 38 Date d'inscription : 05/12/2009

Merci Mutine pour cette article.

Ingérable Nombre de messages : 17434 Age : 35 Date d'inscription : 09/11/2009

merci pour cet article plein de realisme.

Ingérable Nombre de messages : 13824 Age : 39 Date d'inscription : 11/01/2009

Merci!

Ingérable Nombre de messages : 6924 Age : 48 Date d'inscription : 27/05/2009

Merci mutine

Merci Mutine!

Moi j'ai envie de rajouter que dans homophobie, (ou xenophobie, ou arachnophobie- mais là, c'est pas la même chose...!) il y a phobie.
Peur.
Et les gens ont peur de ce qu'ils ne connaissent pas.
On va mettre de côté un instant les indécrottables fachos, que le monde porte en son sein depuis toujours et pour toujours, je le crains...
Pour le commun des mortels, l'homophobie, le racisme, le sexisme, l'antisémitisme, sont des symptômes de l'ignorance. Et c'est pour ça que je crois sincèrement que nous, les homos, non à titre communautaire mais à titre individuel, avons un énorme rôle à jouer dans une sorte de militantisme "par le bas".
C'est à nous, en couple ou non, vivant en ville ou en campagne, de montrer aux autres, à nos voisins, nos connaissances, (en bref, nos "concitoyens", et il n'y a pas que la première syllabe dans ce mot!!!!) que, précisément, nous vivons globalement comme eux.
Du moment ou les personnes vivant autour de nous se rendent compte de cela, (on est un couple, simplement, on a à peu près les mêmes soucis matériels, les mêmes griefs contre la société, les mêmes ennuis du quotidien, des joies qui peuvent même se ressembler; on a pas la peau recouverte d'écaille, on a des besoins similaires, etc...!), à partir de ce moment-là, donc, le premier pas est fait vers la non-peur. De la non-peur naît l'acceptation. De l'acceptation, l'indifférence.
Parce qu'au fond, c'est bien ce qu'on veut, non? L'indifférence!
Moi, la notion de "tolérance", ça me révulse. Je ne veux pas qu'on me "tolère", je veux qu'on se moque de ma vie comme d'une guigne. Qu'on en ai rien à secouer.
A ce moment-là, je deviens comme tout le monde.
A ce moment-là, j'accède aux mêmes droits.

Bon, je sais que ça n'est pas gagné, mais j'espère que vous aurez compris le fond de ma pensée.

Montrons-leur que nous sommes "pareils".
Et d'expérience, je sais que ça fonctionne. Wink

Sujet: Re: (Presque) comme tout le monde - Le Monde 16/09/2011

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