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 Le mal-être des mères à la naissance (article)

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Lezzie
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Lezzie


Féminin Nombre de messages : 30806
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Le mal-être des mères à la naissance (article) Empty
MessageSujet: Le mal-être des mères à la naissance (article)   Le mal-être des mères à la naissance (article) EmptyJeu 2 Sep - 11:29

http://www.slate.fr/story/26701/maternite-difficultes-meres

Le mal de mères

Bien que toutes aimantes, il y a deux sortes
de femmes: celles qui ont hâte de tenir dans leur bras le bébé qui va
naître, et celles qui ont hâte d’expulser l’être qui pousse en elles,
sans savoir comment le tenir dans leurs bras.


Un heureux événement, l’enfantement?
Rien que de poser la question, on passe déjà au mieux pour une naïve qu’il faut
absolument éduquer, au pire et le plus souvent pour une toute jeune mère déjà
indigne. Ecartons d’emblée ces femmes dont les grossesses sont teintées de
drame, comme à la suite d’un viol ou dont l’enfant à naître souffrira d’un
handicap grave, ou encore celles qui deviendront des porteuses d’infanticide, ces
cas relevant bien entendu d’une autre analyse, et restons-en, ce qui n’est déjà
pas si mal, à toutes ces vies ordinaires de toutes ces femmes simplement
enceintes; et que tous, proches ou anonymes, félicitent comme s’il s’agissait
d’un diplôme obtenu. A qui tout le monde sourit comme si être enceinte suffisait
à mériter une gentillesse gratuite, un sourire. En réalité, les félicitations
comme les sourires anonymes laissent vraisemblablement présager du bonheur
certain que va procurer la présence d’un enfant dans ce qui va devenir une
famille.
Mais personne ne se soucie alors
de ce temps court ou long, mais toujours indéterminé, qui précède parfois ou
qui suit presque toujours l’accouchement, qui ne laisse rien pressentir de ce
bonheur promis. Ce temps fait de douleurs physiques et psychologiques se succédant
de minutes en heures, et en silence parce que taboues de génération en
génération. De la promesse tacite du bonheur parfait ne reste qu’une obligation
de sourire, de paraître. Heureuse, forcément.
Peut-être parce que le monde
tient à la certitude de la maternité. Le maintien de son ordre est conditionné
à ne surtout pas sonder les profondeurs de la maternité. La médecine
d’aujourd’hui semble se faire garante et gardienne de cet enfermement. Pour la
bonne cause?
Tabou et culpabilité


Car bien que toutes aimantes, il
y a deux sortes de femmes: celles qui ont hâte de tenir dans leur bras le bébé
qui va naître, et celles qui ont hâte d’expulser l’être qui pousse en elles,
sans savoir comment le tenir dans leurs bras. Les premières semblent avoir la
maternité facile, pas les secondes. Elles sont perdues à l’idée même du bébé
autant qu’à son arrivée, elles naissent en même temps que lui. Elles ne
retrouvent plus le chemin de leur propre vie, elles ont la sensation que la
sage-femme (quelle étrange appellation!) leur a vidé le cerveau en même temps
que le ventre. Pareilles à des automates, elles s’occupent consciencieusement du
petit chose parce qu’elles en sont responsables, elles sont dans le «faire»,
non dans l’«être». Ce blanc affectif les fait souffrir affreusement tandis que
l’entourage aveuglé est joyeux. D’une souffrance pas flagrante, presque
invisible. Et sans en souffler mot, pas même à elles-mêmes, sujet tabou et
culpabilité obligent. La société humaine ne hisse-t-elle pas depuis la nuit des
temps le tout puissant instinct maternel au rang de sentiment premier,
primaire, féminin par excellence, doté de super pouvoirs protégeant de toutes
les difficultés possibles? Entre déception et effroi, la réalité est bien là:
certaines femmes ont des difficultés à être mère, ressentent une difficulté
maternelle.
Les médecins, des hommes
souvent, après s’être refugiés derrière des explications d’ordre moral (mauvaise mère),
physiologique (modifications hormonales), ou psychologique (dépression
«classique»), ou social (difficultés matérielles) ont cru avoir résolu la question
grâce au désormais universel et incontournable concept de baby
blues
. Ils le plaquent au nez des accouchées à la moindre pâleur, comme
l’effet secondaire normal d’un traitement lourd, la grossesse. Il serait donc
parfaitement normal de se sentir «désorientée» après un accouchement!
Désorientée, bel euphémisme.
Leur mal est discret,
silencieux, inapparent mais la gravité de ses effets, variables d’une femme à
l’autre et d’un enfant à l’autre, indéniable. Et son intensité dépend évidemment
de la manière dont sera ou non prise en charge la souffrance maternelle: fragilité
du lien mère-enfant, troubles du développement, absence de l’attachement, risque
de maltraitance... Du côté de l’enfant, tout se joue ici aussi et à ce moment-là,
celui des débuts dans le monde du petit d’homme, à travers les conditions
affectives qui vont lui permettre de se construire. Tout se joue là, dans ces
premières heures, ces premières semaines, ces premiers mois.
Les réponses creuses du monde médical


C’est là que se trouve le
problème. Ne considérant ce temps douloureux que comme passager, banal,
anecdotique, le corps médical ne propose que des réponses désespérément
creuses, et son attitude indifférente est le reflet de la non prise en charge de
toutes ces mères –80.000 en France chaque année, soit une sur dix, et ce
chiffre n’étant le reflet que de celles qui en parlent– pour qui la maternité
n’est pas une compétence naturelle.
Aucune spécificité n’est
reconnue à leur souffrance, malgré toute la complexité et la diversité des problèmes.
L’abord médical réduit toute souffrance post-natale au plan psychiatrique et l’aspect
psychique de la maternité n’est examiné qu’en cas de pathologie comme la
dépression du post-partum (entre 10 et 30% des accouchées) ou la gravissime, et
heureusement rare psychose puerpérale (1‰) pouvant mener au suicide ou à
l’infanticide, maladies qui sont traitées comme il se doit par traitement
médicamenteux. Alors on assiste à des erreurs lourdes: des pédopsychiatres croient
ainsi diagnostiquer une dépression du nourrisson quand il aurait fallu au
minimum se pencher sur les relations mère-enfant, et chercher d’abord à traiter
la mère. Et lorsque c’est le cas, celle-ci n’est examinée que sous l’angle
psychiatrique (toutes les
unités mères-enfants
existantes en France sont des services
psychiatriques) et mise presque systématiquement sous antidépresseurs, classant
la douleur maternelle dans l’une de deux rubriques connues, post-partum ou
psychose, sans l’envisager comme la cause de la dépression, mais forcément
comme sa conséquence.
Cette approche est justifiée
quand il s’agit de traiter une maladie mentale, pas une difficulté dans le
ressenti de la maternité! Et faute de ne reconnaître et de ne traiter que les
pathologies graves, toute autre souffrance post accouchement est forcément
considérée comme légère, secondaire, voire inexistante. La médecine en la
matière se trouve dans le gouffre qui sépare la théorie de la réalité.
La plupart des accouchées
sortent de l’hôpital souvent trop rapidement (entre deux et trois jours pour un
accouchement dit «normal»), et hâtivement parce que livrées à elles-mêmes et à
leur nourrisson. Sans autre suivi ni précaution ni apprentissage. Les
sages-femmes les plus consciencieuses se trouvent elles-mêmes désemparées face
aux obligations de «vider» les chambres, qui prévalent dans les maternités de niveau
II et III
, à la pointe de la technologie mais qui fonctionnent comme
des usines.
Pourtant, une discipline a bien
vu le jour dans les années 1980: la maternologie.
Elle se définit comme la prise en compte des aspects psychiques de la
maternité, de la naissance, et de la parentalité. Il s’agit d’une «démarche thérapeutique qui s'attache à la
dimension psychique de la maternité et qui prend en compte les difficultés de
la relation mère-enfant»
(définition du Grand Robert de la langue
française, éd. 2001). Discipline aux confluents de la pédopsychiatrie,
de la psychologie et de la puériculture, la
maternologie se dit être une démarche thérapeutique (donc non médicamenteuse)
qui prend en compte les difficultés de la relation filiale. Elle prétend
réaliser «une prévention précoce efficace
des maladies de la naissance psychique, des troubles du développement de
l'enfant et des risques de maltraitance
». Elle cherche à séparer cet évènement qu’est
l’enfantement en deux étapes distinctes, considérant que la naissance (comme
réalisation psychique) ne serait pas la conséquence naturelle de l’accouchement
(comme réalisation obstétricale), et dénonce l’occultation de la «naissance psychique de l’enfant», par
et au profit de la recherche exclusive de la sécurité physique de la mère et de
l’enfant lors de l’accouchement. Une seule clinique en France (Clinique
de St-Cyr-l’Ecole
, dans les Yvelines) reconnaît la difficulté
maternelle «comme un problème de santé
publique»
et pratique un traitement étiologique, selon des soins tels que
l’écoute des mères sans morale ni référence à aucune norme, une observation
rigoureuse de la relation mère-enfant notamment lors de l’allaitement au sein
ou au biberon, puis la mise en place d’une psychothérapie sur la base d’un
diagnostic des troubles et des difficultés. L’idée paraît séduisante, pourtant la
proposition de loi
, discutée en première lecture devant l’Assemblée nationale
en 2004, qui visait «à favoriser le
développement en milieu hospitalier de services de maternologie prenant en
compte les difficultés de la relation mère-enfant»
, n’a jamais abouti. La
diversité des possibles raisons est telle qu’on ne peut en tirer de
conséquences certaines. Mais on peut tout de même relever que le discours du
très controversé Pr Jean Marie Delassus, inventeur de la maternologie et
fondateur du service de maternologie de la clinique de St Cyr, passe pour être une
«imposture»,
manquant de clarté comme de rigueur scientifique.
«Dé-moraliser» la maternité


Le flou artistique en la matière
nous montre que nous en sommes aux balbutiements de la reconnaissance d’une difficulté
d’investissement de la fonction maternelle autre que la dépression ou la
psychose. Mais il constitue tout de même le reflet d’un vide autant que d’un
besoin de la part de ces femmes-mères, à la fois malgré elles et contre tous.
Il est temps d’envisager la
maternité autrement que dans l’unique dimension prise aujourd’hui en compte, sa
dimension physique obstétricale, mais en y intégrant comme une entière part du
processus tous ses bouleversements psychiques inconscients et ne relevant pas forcément
de la psychiatrie, ni même de la biologie. Il est temps de «dé-moraliser» la maternité,
pour laisser place au soutien, à l’écoute et au guidage des mamans, sans jugement
ni pression. Il est temps de changer de discours et d’expliquer à toutes ces mères
qui vivent leur maternité comme un vertige, surtout les primipares, que s’il
est indéniable que l’instinct maternel existe, il a besoin d’être stimulé pour servir
la relation et il n’a rien de commun avec une baguette magique. Ce secteur
oublié de la réalité humaine ne doit plus laisser les pouvoirs publics ni le
corps médical passifs, indifférents, au risque pour eux de recevoir en
boomerang les conséquences dévastatrices d’un tel choix.
Jarod Barry
Photo:
Maternity-23 /
Herkie via Flickr License CC by
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