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22 mars 2011
Deux petits poissons s’aimaient
d’amour tendre…
“Le Baiser de la lune”, film d'animation de Sébastien Wattel, vient d’être projeté à des classes de primaire de La Voulte-sur-Rhône
Et les enfants dans tout ça ?
Après plus d’un an de polémique, Le Baiser de la lune a été projeté le 17 mars devant quatre classes de primaire ardéchoises. Un aboutissement rendu possible grâce à l’implication de la MJC de La Voulte-sur-Rhône. « Contrairement à Luc Chatel et à madame Bourges, nous ne pensons pas qu’il est prématuré de parler d’homosexualité avant le collège », affirme Raymond Rizzitelli. Et le coordinateur enfance et jeunesse de la MJC de justifier son propos en expliquant qu’il n’est pas rare d’entendre d’innocentes petites bouches proférer des insultes homophobes.
Un triste constat qui n’étonne pas Isabelle Filliozat (2). Selon cette psychothérapeute, les enfants ne pourront pas assimiler les homosexuels à des personnes comme les autres tant qu’on ne leur parlera pas de la sexualité dans sa globalité : « Le problème est que les adultes réduisent souvent l’homosexualité à la relation sexuelle, faisant totalement fi du sentiment amoureux. » Or dans la mesure où les petits ne demandent jamais si le prince charmant va arracher la robe de la princesse après l’avoir embrassée, pourquoi iraient-ils imaginer une partie de nageoires en l’air entre deux poissons ?
Malgré leurs divergences d’opinions, mesdames Filliozat et Bourges s’accordent sur un point : l’absence des enfants dans ce débat. Une situation à laquelle Le Baiser de la lune souhaite remédier en leur offrant un espace de parole et de questions. À La Voulte-sur-Rhône, après la projection, « beaucoup de petits spectateurs se sont inquiétés de savoir de quoi étaient faits les repas d’Agathe la chatte et ce qu’elle allait devenir après avoir quitté le château », commente Sébastien Wattel, touché par la naïveté rafraîchissante des élèves. En revanche, la romance entre Félix et Léon n’a provoqué aucune vague. « On ne peut pas forcer quelqu’un à aimer quelqu’un d’autre. Ça doit venir de soi », témoigne une jeune spectatrice devant l’entêtement de la chatte à vouloir marier Félix à une demoiselle poisson. « Agathe se fâche et devient violente car elle ne comprend pas que Féllix et Léon sont amoureux », analyse un petit camarade. Mais le mot de la fin revient à une fillette soucieuse de l’avenir sentimental du félin : « Est-ce que la grand-mère va rencontrer un chat ou une chatte avec qui finir ses vieux jours ? » Les enfants sont formidables. La preuve.
(2) Dernier ouvrage paru (16 mars) : J’ai tout essayé ! Opposition, pleurs et crise de rage : traverser sans dommage la période de 1 à 5 ans(coll. Essais et Documents, éd. JC Lattès).
Un ouvrage pour enfants qui montre qu’on a le droit d’aimer qui on veut : Philomène m’aime, de Jean-Christophe Mazurie (coll. Vitamine, éd. P’tit Glénat), paru le 9 février.