Psychologies magazine, novembre 2005
Page 33, rubrique repères opinion
Une photo d'une famille homoparentale formé de deux femmes et d'un
garçon : l'homoparentalité n'en finit pas de faire débat chez les
psychanalystes.
Titre : L'homosexualité, une nouvelle forme ?
La minorité homosexuelle est en train d'imposer sa loi ? C'est la
thèse controversée du dernier livre dy psychanalyste Tony Anatrella,
Le règne de narcisse (PResses de la Renaissance, 2005)
Tony Anatrella
Une attaque en règle "le règne de narcisse, Tony Anatrella.
Un livre au parfun de scandale, qui attaque de manière virulente les
revendications homosexuelles (droit au mariage, adoption...) et la
façon dont notre société serait influencée par ces demandes.
Geneviève Delaisi de Parseva
psychanalyste spécialisée dans les questions de parternité, auteur de
la Part du Père (Points Seuil, 2004) contre-attaque.
Tony Anatrella
"La fabrication de "normes" psychologiques selon les "préférences
sexuelles" dévalorisele sens de la loi et génère la violence, à
commencer chez les plus jeunes. L'idée du mariage et de l'adoption des
enfants par des homosecuels, par exemple, tente de s'imposer au nom
des "bons" sentiments, d'une approche compassionnelle entretenue par
des fictions télévisées et le politiquement correct. Certains
spécialistes en psychologie, ne voulant voir que l'aspect sentimental
et individuel pour justifier, voire soutenir ces revendications,
négligent les conséquences psychologiques, anthropologiques et
sociales que je décris dans mon livre. Si chacun est libre de vivre
comme il le souhaite, est-il pour autant nécessaire de demander la
reconnaissance légale de tous les fantasmes ?
Le mariage n'a pas à être instrumentalisé de la sorte. Il concerne
l'association objective d'un homme et d'une femme qui représentents
les deux seules identités sexuelles qui existent, et à partir
desquelles la société fonde le lien social. On confond de plus en plus
identités sexuelles avec tendances sexuelles qui, lorsqu'elles sont
recherchées pour elles-mêmes, témoignent d'un conflit avec l'identité
sexuelle et favorisent la dissolution des normes objectives au profit
de "normes" subjectives.
Les homosexuels ne sont pas dans les conditions requises pour se
marier et adopter. L'enfant a besoin de l'altérité sexuelle pour se
développer et se différencier subjectivement dans la cohérence
affective et sexuelle de l'union d'un homme et d'une femme. Il s'agit
de savoir dans quelle structure relationnelle on va l'engager plus que
de savoir s'il sera entouré affectivement. Une tendance sexuelle,
surprotégée par une loi liberticide contre "l'homophobie", peut-elle
être une source de lien social et de droits particuliers ? La loi est
faite pour ce qui est commun à l'humanité, pas pour répondre à des
intrigues psychologiques qui sont dans le déni de toutes les
différences."
Geneviève Delaisi de Parseval
"on ne sait s'il faut rire ou pleurer devant cette harangue angoissée
apparemment destinée à un légilateur tenté de faire voter des lois
qui, pour Tony Anatrella, marqueraient "la fin de la civilisation et
nieraient toutes les règles d'humanité". Lois qui autoriseraient le
mariage, l'adoption ou encore l'accès à l'assistance médicale à la
procréation pour les homosexuels. Mais l'auteur a-t-il vraiment bien
lu Freud ? Car si c'était le cas, il aurait vu ce que le père de la
psychanalyste pensait du choix d'objet sexuel ("tout sauf simple"),
lui qui a montré en de nombreux écrits que l'hétérosexualité était
tout aussi problématique que l'homosexualité. Le livre de base sur
lequel le père Anatrella fonde ses anathèmes n'est, de fait, pas un
livre de psychanalyse ou une étude scientifique évaluant le devenir
psychique des enfants d'homosexuels (population soi-disant en danger
dans laquelle l'auteur inclut les enfants de divorcés et les enfants
adoptés !), mais... la Bible, en particulier le Lévitique. Ce dernier
condamne l'inceste entre les personnnes de même sexe par cette phrase
lapidaire : "Tu ne coucheras pas avec un hommme comme avec une femme",
et réciproquemeent, commente le père Anatrella... On pourrait faire un
florilège de citations du même tabac, mais, pour faire court, disons
que, aux fins de vouer aux gémonies tant l'homosexualité que
l'homoparentalité, l'auteur se réfère non au bagage théorique de la
psychanalyse mais bel et bien à celui de la morale et de la religion.
Morale plus que conservatrice, dont le "catéchisme" se résume dans une
formule incantatoire revenant en litanie tout au long du livre : "La
symbolique de la différence des sexes sert aussi au fondement de la
morale".
Psychanalyse et religion font rarement bon ménage : un psychanalyste
ne devrait être ni un confesseur, ni un directeur de sonscience censé
remettre ses ouailles dans le "droit chemin". Françoise Dolto avait
su, elle, ne pas confondre les deux registres. Mais n'est pas Dolto
qui veut".
Sujet: article psycho mag : débat chez les psys 