[on m'a refusé a cause de mon age comment puis je faire?]

ETHIQUE / Grand succès de la procréation assistée mais pénurie de donneurs


Les dons de sperme en baisse



HUGUES DORZEE

lundi 28 janvier 2008, 07:10
L’AUGMENTATION des demandes d’inséminations et de fécondations assèche les banques de sperme.







Les banques de sperme doivent faire face à une diminution du nombre de donneurs et... une augmentation de la demande. © pierre-yves thienpont.



Les centres de procréation assistée (PMA) s’inquiètent : le nombre de donneurs de sperme est en baisse. En cause : l’augmentation des demandes d’insémination artificielle et de fécondation in vitro. Patients infertiles ou atteint de maladies héréditaires, femmes seules, couples homosexuels : autant de personnes qui ont recours aux banques de sperme. Lesquelles font appel à des donneurs masculins pour alimenter leur stock.
Parfois il s’agit d’un proche, souvent d’un tiers. En Belgique, l’anonymat du donneur est garanti. Chaque centre PMA se plie aux règles d’usage et veille à la qualité de ces gamètes (maladies sexuellement transmissibles…). Le suivi du donneur est strict (spermogramme, prise de sang, entretien psychologique…). Comme le souligne l’avis du Comité de bioéthique (8 mars 2004), il s’agit d’un « geste volontaire et altruiste ». Il s’agit d’un don, tout commerce est interdit par la loi. Toutefois, une indemnisation destinée à couvrir les frais de déplacement, les inconvénients médicaux et les éventuelles heures de prestation perdues est prévue. Selon les centres, cela varie entre 35 euros (le don) et 200 euros (pour un an et demi de procédure). Les motivations de ces donneurs ? Elles sont multiples : geste de solidarité envers des hommes ou des couples infertiles, désir « symbolique » de paternité, volonté de compenser un traumatisme personnel…
« Dans tous les cas, il y a un entretien psychologique approfondi, rappelle Geneviève Depré, biologiste au service d’andrologie d’Erasme. Deux tiers des donneurs refusés le sont pour raisons psychologiques. »
Depuis quelques années, les donneurs sont moins nombreux. Un exemple : à l’hôpital Erasme, l’offre a chuté de moitié – 253 échantillons en 2006 à 127 en 2007. Même phénomène à l’AZ VUB. D’autres centres sont contraints de faire appel à des banques de sperme étrangères (France, Danemark…). Régulièrement, ceux-ci font campagne (universités, réseau hospitalier, centres de transfusion…). Mais le don de sperme, contrairement au don de sang, reste encore tabou. Un tabou lié à la masturbation, aux réticences biologiques, au sentiment inconscient de paternité… En parallèle le secteur de la procréation médicalement assistée a explosé. Environ un couple sur six en Belgique souffre de problème d’infertilité. La demande de sperme va en grandissant. Et la qualité globale de celui-ci va en diminuant. En cause : la pollution, le stress, l’hygiène de vie, etc. A cela s’ajoute, les nouvelles modalités de la loi sur la procréation assistée (mars 2007) limitant à six le nombre de familles bénéficiaires pour un seul donneur.
De plus en plus de femmes seules, souvent âgées de plus de 35 ans, ont recours à la PMA. « Il s’agit de femmes qui ont un parcours de vie derrière elle. Certaines ont vécu une relation qui s’est mal terminée », ajoute Geneviève Depré (Erasme). Autre difficulté : trouver des gamètes à destination de personnes d’origine étrangère. « Il est par exemple très difficile de trouver des donneurs africains, or il y a une réelle demande », constate la biologiste.
Une pénurie qui ne facilite pas le travail des banques de sperme. « Dans le cas des couples hétérosexuels, on veille à copier autant que possible le patrimoine génétique (groupe sanguin, corpulence…). Quand il s’agit de trouver un donneur A +, aux cheveux bruns, de 80 kilos, alors que le nombre d’échantillons est en baisse, c’est parfois compliqué », ajoute Geneviève Depré. Autant de raisons qui poussent les centres PMA à refaire campagne. Une campagne de santé publique pour permettre à tous ceux qui désirent un enfant de mener à bien leur projet.