homos-et-parents
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.
homos-et-parents

Un lieu d'échanges pour les homos, en couple ou non, qui construisent leur famille
 
AccueilRechercherDernières imagesS'enregistrerConnexion
-20%
Le deal à ne pas rater :
-20% Récupérateur à eau mural 300 litres (Anthracite)
79 € 99 €
Voir le deal

 

 05/05/2019 - HuffPost - Neuf obstacles à la santé des femmes dans la France de 2019

Aller en bas 
AuteurMessage
Lezzie
Rang: Administrateur
Lezzie


Féminin Nombre de messages : 30806
Age : 124
Date d'inscription : 21/07/2005

05/05/2019 - HuffPost - Neuf obstacles à la santé des femmes dans la France de 2019 Empty
MessageSujet: 05/05/2019 - HuffPost - Neuf obstacles à la santé des femmes dans la France de 2019   05/05/2019 - HuffPost - Neuf obstacles à la santé des femmes dans la France de 2019 EmptyMer 5 Juin - 8:04

   Martin Winckler
   Ancien médecin, romancier et essayiste


https://www.huffingtonpost.fr/entry/neuf-obstacles-a-la-sante-des-femmes-dans-la-france-de-2019_fr_5cf4c6a4e4b0a1997b6cbd75?utm_hp_ref=fr-homepage

Huffington Post a écrit:
Neuf obstacles à la santé des femmes dans la France de 2019
05/06/2019 07:00

En France, en 2019, décider d’interrompre une grossesse n’est pas simple. Non parce que c’est “compliqué dans la tête”, mais parce que beaucoup de monde s’ingénie à questionner ce geste, à le qualifier ou à le disqualifier, et à dresser des obstacles sur le chemin des femmes qui en font le choix.

En 2019, en France, 45 ans après la loi Veil, on pourrait penser que la question de l’IVG est réglée. Qu’elle est “entrée dans les mœurs”. Que les femmes sont libres de disposer de leur corps – et, en particulier, d’être enceintes ou non et de mener à bien ou d’interrompre une grossesse comme elles l’entendent.

Ce n’est pas le cas. La loi est de leur côté, mais la loi ne suffit pas. Dans son roman graphique, Il fallait que je vous le dise, auquel elle m’a fait l’honneur de m’associer, Aude Mermilliod raconte en détail sa propre expérience de l’IVG; elle y montre que, s’il ne s’agit pas d’une catastrophe, ce n’est pas non plus une sinécure – contrairement à ce que certain⋅e⋅s voudraient aujourd’hui faire croire. En France, en 2019, décider d’interrompre une grossesse n’est pas simple. Non parce que c’est “compliqué dans la tête” (ça l’est, comme toute décision humaine, mais pas de manière insurmontable) mais parce que beaucoup de monde s’ingénie à questionner ce geste, à le qualifier ou à le disqualifier, et à dresser (moralement ou matériellement) des obstacles sur le chemin des femmes qui en font le choix.
Au-delà de l’IVG, dans la France de 2019 comme dans celle de 1976, il reste très compliqué, quand on est une femme, d’accéder à des soins.

Si je me permets d’en parler sans en avoir l’expérience, c’est parce que beaucoup de femmes m’ont fait la confiance de me le raconter. Je vais m’efforcer, ici, de transmettre ce qu’elles m’ont confié – et ce que j’ai observé en tant que professionnel de santé solidaire.

Je poserai d’abord que, dans un pays démocratique, les personnes devraient avoir le droit de disposer de leur corps et de leur fertilité comme elle l’entendent, en toute sécurité.

Dans certains cas, la loi française l’affirme clairement (loi Neuwirth sur la contraception, loi Veil sur l’IVG, loi Kouchner sur les droits des patientes, loi de 2001 dont l’article 26 autorise la stérilisation volontaire).

Dans d’autres situations, il y a encore des luttes vives à mener : je parle en particulier de la liberté de transitionner d’un genre à un autre ou de vivre sans avoir à choisir un genre, de la protection des personnes intersexes mineures contre les interventions chirurgicales autoritaires, de la liberté d’obtenir une aide médicale à mourir.

De fait, les obstacles à la liberté individuelle en matière de santé sont encore nombreux. Et, dans une société qui est encore profondément inégalitaire, ces obstacles compliquent d’abord la vie des femmes qui, dans tous les milieux sociaux, sont considérées comme des citoyennes de deuxième catégorie.

Je vais énumérer ci-dessous neuf obstacles qui entravent la liberté des femmes à disposer de leur corps, en 2019 en France.

1° Aujourd’hui, en France, les délais légaux de l’IVG sont trop courts, et cela, sans raison médicale valide


En France, l’IVG est légale. Mais la liberté d’y recourir est très encadrée et entravée : par les délais, d’abord. En Grande-Bretagne ou au Pays-Bas, les délais sont de 24 semaines – 10 semaines de plus. Dans les faits, l’immense majorité des femmes qui avortent le font avant 8 semaines. Celles qui sont conduites à le faire plus tard sont le plus souvent des femmes en situation de vulnérabilité socio-économique, sanitaire, familiale, psychologique, géographique. Autrement dit, quand on limite les délais d’IVG, on pénalise avant tout les femmes qui ont le moins de moyens. La limitation d’un délai d’accès à l’IVG est une mesure inique, anti-démocratique.

Si dans de nombreux pays d’Europe le délai légal de l’IVG est fixé à 14 semaines d’aménorrhée (12 semaines de grossesse), c’est parce que techniquement, une IVG par aspiration est facile et sans danger pour la femme avant ce délai. Au-delà, étant donné la taille du fœtus, une aspiration n’est plus possible. Il faut provoquer l’expulsion par voie médicamenteuse, ce qui nécessite un suivi différent, plus long et plus “lourd” en terme de surveillance de la part des professionnel⋅le⋅s  de santé. Ce qui nous conduit au point suivant.

2° Aujourd’hui, en France, les médecins qui pratiquent les IVG sont de moins en moins nombreux – et ça ne va pas s’arranger


À partir de 1976, et pendant quarante ans, les IVG ont été pratiquées dans leur grande majorité par des généralistes, dans les centres de planification publics.

Il y a une explication simple à cela: en 1976, la majorité des gynécologues-obstétriciens hospitaliers étaient opposés à l’IVG. Ceux d’entre eux qui dirigeaient des services n’ont pas seulement refusé d’en faire; ils ont aussi interdit (en pratique, sinon ouvertement) aux jeunes médecins qu’ils formaient d’apprendre comment les faire.

La majorité des généralistes qui pratiquaient des IVG le faisaient en plus de leur activité libérale, et très souvent par solidarité avec les femmes. Les vacations d’IVG avaient lieu à l’hôpital et n’entraient pas (trop) en compétition avec leur activité de médecine de ville ou de campagne. J’ai vu souvent des gynécologues encensés pour avoir “aidé des femmes à avoir des enfants” ou “sauvé des femmes de leur cancer du sein”. Je n’ai jamais vu des généralistes mis⋅es à l’honneur pour avoir “pratiqué des IVG pendant dix, vingt ou trente ans et aidé les femmes à vivre leur vie librement”. Pourtant, quand on sait que la vacation d’IVG a toujours été payée des clopinettes, celles et ceux qui en ont fait pendant toutes ces années (et ont subi de ce fait le mépris et l’agressivité de nombreux “confrères”) devraient avoir droit à toute notre gratitude.

Les médecins généralistes des quatre premières décennies sont peu à peu partis à la retraite et n’ont pas été remplacés: il était possible d’avoir une pratique mixte en 1985. C’est beaucoup plus difficile aujourd’hui. D’abord parce que la charge de travail des médecins de première ligne a beaucoup augmenté. Ensuite parce que les vacations en centre d’IVG se sont raréfiées en raison de l’intégration des centres aux maternités hospitalières.

Je ne doute pas que la majorité des médecins qui pratiquent des IVG aujourd’hui le fassent bien. Mais pratiquer des IVG reste (et restera, sauf dans les romans) une activité mésestimée, dévalorisée et non enseignée. Si on veut en faire, il faut aller apprendre auprès de celles et ceux qui la font. Malheureusement, quand une activité est mal rémunérée et, il est difficile d’en faire une priorité au sein d’une activité de plus en plus lourde. Pour les gynécologues qui accepteront de les faire à l’hôpital, cela risque de rester une activité secondaire: il y a toujours “plus urgent”. Pour ceux qui voudront les faire en privé, il y aura toujours plus lucratif.

Le nombre des professionnel⋅le⋅s effectuant des IVG par aspiration pourrait augmenter si les sages-femmes (qui peuvent déjà délivrer les IVG médicamenteuses) étaient autorisées à les pratiquer. Techniquement, rien ne s’y oppose : ce sont des professionnelles parfaitement formées et tout aussi capables d’en acquérir la technique qu’un MG n’ayant jamais fait de chirurgie (c’était mon cas). Encore faudrait-il que les spécialistes ne voient pas cet élargissement des compétences des SF comme une nouvelle atteinte à leur égo (sinon à leurs revenus, qui ne sont pourtant pas menacés dans un système de santé où l’offre se raréfie).

Cette (op)position n’est pas nouvelle. Les spécialistes ont toujours considéré les pratiques de gynécologie courante comme une activité réservée, alors que tous les médecins auraient dû être formés aux gestes quotidiens en santé des femmes. Aujourd’hui, ce sont les sages-femmes qui sont la cible de ce sectarisme corporatiste.

3° Aujourd’hui, en France, les centres d’IVG et les maternités font partie des premiers services frappés par les restrictions budgétaires

Un système de santé devrait être conçu, se développer et évoluer à partir des besoins de la population. Mais dans une économie de marché fondée avant tout sur le profit et le commerce, les services les moins “rentables” (les maternités locales, les centres d’IVG) sont les premiers sacrifiés.

La loi Veil impose aux centres hospitaliers disposant d’une maternité d’avoir aussi un centre d’IVG. Mais petit à petit, ceux-ci sont réintégrés aux services de gynécologie-obstétrique – et tombent alors sous le joug (et les préjugés) des chefs de service qui y exercent. Faut-il préciser qu’alors, selon la personnalité des médecins en place, les femmes n’y sont pas toujours accueillies de la même manière selon qu’elles sont riches ou pauvres, blanches ou non, “françaises de souche” ou immigrantes?

4° Aujourd’hui, en France, malgré la loi, il est extrêmement difficile de se faire stériliser

La loi de 2001 relative à l’IVG et à la contraception permet à toute personne majeure de se faire stériliser sans autre condition qu’un délai de 4 mois de réflexion. (Voir l’article 26.)

Or, dans les faits, des femmes de tous les âges qui ne veulent pas ou ne veulent plus être enceintes, s’entendent dire qu’une une ligature de trompes est interdite “avant 35 ans”, ou “avant d’avoir eu trois enfants” ou encore, comble du paternalisme le plus archaïque, ”à moins d’avoir l’autorisation du mari”.

Rien de tout cela n’est légal. Un médecin a le droit de refuser de pratiquer une stérilisation, il n’a pas celui de mentir ou de dissuader; et la loi exige qu’il remette un document d’information officiel aux femmes qui en font la demande. Quant à exiger l’autorisation du mari, c’est, tout simplement, crapuleux.

Le motif de refus le plus souvent invoqué par ces praticiens (ou ceux qui les défendent) est “le risque de se faire attaquer en justice par une femme qui aura changé d’avis”.

Cet argument ne tient pas debout: on n’est jamais attaquable par quelqu’un qui a obtenu librement un geste légal. La loi ne le permet pas. Invoquer cet argument est aussi ridicule que de refuser une IVG ou une PMA à une femme au motif qu’elle pourrait vous attaquer pour la lui avoir procurée. Personne ne reproche jamais aux médecins d’avoir apporté leur aide. En revanche, iels peuvent s’attendre à ce qu’on leur reproche de l’avoir refusée.

Par ailleurs, l’hypothèse selon laquelle les “femmes vont changer d’avis” est ignorante et gratuite. Dans les pays où la stérilisation volontaire est pratiquée depuis longtemps, la fréquence des regrets a fait l’objet d’enquêtes précises. Vingt ans après avoir été stérilisées volontairement, moins de 5% des personnes l’ayant demandé le regrettent. Les facteurs qui augmentent la probabilité d’un regret sont: avoir été stérilisé(e) avant 30 ans; avoir subi une stérilisation pendant une césarienne ou juste après un accouchement ou un avortement; une mésentente conjugale au moment de la décision.

Cela ne justifie en rien de refuser une stérilisation à une femme qui la demanderait dans ces circonstances. Tout au plus est-on en droit de leur dire que le risque de regretter est plus élevé que si les circonstances étaient différentes. Mais ça s’arrête là. Les femmes qui demandent une ligature de trompes n’ont pas, en soi, à se justifier. Pas plus que celles qui décident de mettre en route ou d’interrompre une grossesse. Pas plus que celles qui choisissent, ou changent, ou cessent une contraception.

Et cependant, chaque jour, sur les réseaux sociaux, des femmes racontent comment on leur a refusé, on leur refuse encore cette élémentaire liberté – au prix, parfois, de leur santé physique et mentale. Encore une fois, l’inégalité sociale est ici majeure. Une femme blanche et riche vivant dans une grande ville trouvera toujours quelqu’un qui acceptera de pratiquer l’intervention; c’était déjà le cas avant la loi. Les autres, en revanche…

L’hypocrisie de la profession médicale à l’égard de la demande libre de stérilisation est d’autant plus insupportable que, pendant les décennies qui ont précédé la loi, les stérilisations forcées étaient légion. Elles étaient infligées aussi bien à des femmes handicapées de la métropole qu’à des femmes racisées des départements d’outre-mer. (Je vous renvoie à l’ouvrage de Françoise Vergès, Le Ventre des femems – Capitalisme, racialisation, féminisme)

5° Aujourd’hui, en France, l’immense majorité des femmes ne peuvent pas accoucher comme elles l’entendent

Il n’est aujourd’hui pas possible à la plupart des femmes françaises d’accoucher chez elles avec l’aide d’une sage-femme, d’énoncer avec un obstétricien ou une maternité un projet de naissance indiquant quels gestes elles acceptent et lesquels elles refusent, de faire accepter la présence d’une doula en salle d’accouchement, de refuser une épisiotomie, un monitoring ou une péridurale, d’être correctement anesthésiées quand une césarienne est indiquée, et j’en passe…

Si vous voulez en savoir plus, je vous recommande Accouchement, les femmes méritent mieux de Marie-Hélène Lahaye (Ed. Michalon). Elle décrit en détail les atteintes à la liberté d’accoucher, et démonte point par point les arguments invoqués par les obstétriciens français pour imposer leurs points de vue, envers et contre toutes les évidences scientifiques actuelles.

6° Aujourd’hui en France, une information claire, loyale et transparente sur les méthodes de contraception n’est toujours pas délivrée au plus grand nombre


En 2001, j’ai été sollicité par le ministère de la Santé pour donner mon point de vue sur l’information sur la contraception. J’ai émis deux voeux simples : que les professionnel⋅le⋅s  les plus impliqué⋅e⋅s (conseillères, infirmières, sages-femmes et médecins travaillant dans les centres de planification publics et les antennes locales du Planning Familial soient enrôlé⋅es (et rémunéré⋅es) pour aller informer les préadolescent⋅es et adolescent⋅es dans les établissements scolaires. Et que l’information délivrée soit définie au niveau national par ces mêmes professionnel⋅le⋅s et accessibles via un site gratuit. Les deux me semblaient complémentaires : les interventions à l’école seraient destinées à initier, susciter l’intérêt, soulever les questions que se posent les jeunes et (parfois) y répondre. Le site, lui, leur permettrait d’aller s’informer sans avoir le sentiment que des adultes regardaient par-dessus leur épaule.

L’un de ces vœux s’est réalisé en 2007: il s’agit du site www.choisirsacontraception.fr.

Le second n’a jamais vu le jour. En France, en 2019, il n’y a pas d’information scolaire généralisée, homogène, objective, scientifique et bienveillante sur la sexualité, la contraception et les méthodes disponibles. De sorte qu’en Suède ou au Canada, les enfants de 12 ans en savent plus que la plupart des adultes de l’Hexagone.

On ne peut pas attendre des enfants qu’ils deviennent des adultes si on leur refuse une information à laquelle iels ont droit.

Or, il n’y a qu’à l’école qu’on pourrait donner à toutes et à tous accès à cette information – ou même simplement à la notion que cette information existe, et que chacun⋅e a le droit d’y accéder.

7° La charge physiologique et psychologique que représente d’être une femme est encore mésestimée, minimisée et méprisée

Nous sommes toutes de plus en plus conscientes de la “charge mentale” inhérente au fait d’avoir, en plus de son activité professionnel⋅le, à gérer un compagnon et des enfants.

(Sans compter les dangers inhérents au fait d’être une femme dans un monde régi par les hommes: l’excision, les mariages forcés, l’interdiction de faire des d’études, l’obligation de se cacher la tête dans les pays autoritaires et les injonctions morales à ne pas le faire dans des pays qui se disent démocratiques, sans oublier le risque d’être agressée verbalement, violée ou assassinée.)

Ces charges sociales, religieuses ou culturelles s’ajoutent à la charge physiologique et parfois très lourde propre que doit porter le corps féminin.

Dans la vie d’une femme, les événements physiologiques (inhérents au fonctionnement du corps féminin) sont très nombreux et se répètent régulièrement entre treize et cinquante-cinq ans. Les cycles menstruels, les règles, les grossesses, les IVG, les fausses couches spontanées, le travail, l’accouchement, l’allaitement, la dépression du post-partum, le retour de couches, les symptômes de préménopause, la ménopause précoce ou tardive sont autant de phénomènes qui peuvent, s’ils sont intenses et pénibles, affecter notablement la santé des personnes.

Et, encore une fois, ce sont les femmes les plus vulnérables qui sont le plus maltraitées. Le coût exorbitant des protections hygiéniques, la distance à parcourir pour accoucher, la difficulté à trouver un médecin qui vous prescrira la contraception de votre choix ou vous croira quand vous parlerez de votre endométriose – tout cela touche en premier lieu les femmes non blanches issues de milieux défavorisés ou ayant récemment immigré en France.

8° Les préjugés – et maltraitances - envers les femmes et les minorités de genre sont encore trop répandues parmi les professionnel⋅le⋅s  de santé (tous genres confondus)

À pathologie identique, les femmes sont moins bien soulagées et traitées que les hommes. Quand il s’agit de maladies spécifiquement féminines (les saignements dus à un fibrome utérin, par exemple), les préjugés sont démontrés  depuis longtemps: les chirurgiennes font des opérations moins mutilantes que les chirurgiens – ce qui montre qu’elles sont plus sensibles à préserver l’intégrité du corps des soignés que ne le sont leurs collègues masculins.

Les préjugés à l’égard des femmes découlent de l’élitisme et du classisme dans lesquels baigne le corps médical français depuis toujours: une femme est doublement “inférieure”, aux hommes et aux médecins (même si ces médecins sont des femmes).

Les personnes homosexuelles, les personnes racisées, les personnes transgenres, les personnes intersexuées, les personnes en surpoids ou en sous-poids sont également concernées par le classisme latent de la profession : elles subissent des refus de soin, des psychiatrisations délétères, des interventions chirurgicales autoritaires dans l’enfance, des traitements abusifs et des maltraitances physiques et morales dont l’impact est impossible à mesurer, mais dont la nocivité est indiscutable.

De nombreux exemples de ces maltraitances sont décrits dans Le livre noir de la gynécologie de Mélanie Déchalotte.

Certes, il y a de nombreux médecins bienveillant⋅es. Mais ce n’est pas grâce à leur formation, qu’iels le sont. C’est parce qu’iels l’étaient avant d’entrer en faculté de médecine et sont parvenu⋅es à ne pas se laisser déformer par l’enseignement qui y est dispensé. Car…

9° En France, en 2019, les médecins français – celles et ceux qui nous soigneront demain – ne sont formées ni à respecter l’autonomie des personnes, ni à défendre les droits des personnes soignées

Là encore, je ne sais pas s’il est nécessaire de développer. La formation médicale française accorde peu ou pas de place à ce que disent, attendent, désirent ou veulent décider les personnes soignées. Les progrès et expériences réelles menées dans certaines facultés ne doivent pas faire oublier que la majorité de la caste hospitalo-universitaire est profondément paternalisme, dans ses actes sinon dans ses paroles. Et ce paternalisme est, inévitablement, transmis aux médecins en formation.

Prenons, par exemple, la question pourtant simple du consentement, pourtant inscrite dans l’article 36 du Code de déontologie, que tout médecin devrait respecter à la lettre: “Le consentement de la personne examinée ou soignée doit être recherché dans tous les cas.

Lorsque le malade, en état d’exprimer sa volonté, refuse les investigations ou le traitement proposés, le médecin doit respecter ce refus après avoir informé le malade de ses conséquences.”

(Cela ne signifie nullement qu’il est permis aux médecins de culpabiliser ou de terroriser pour convaincre, mais il semble que beaucoup de praticien⋅ne⋅s ne le sachent pas, ou ne veuillent pas le savoir.)

Et demandez-vous ceci: au cours de votre vie, combien de médecins vous ont-iels demandé votre accord pour vous examiner? Combien de médecins vous ont-iels demandé si vous étiez d’accord pour subir les tests ou prendre les traitements qu’iels vous proposaient? Combien de médecins vous ont-iels affirmé que, quel que soit votre choix, iels vous assisteraient dans vos décisions? Combien de médecins ont pris votre défense face à d’autres médecins qui vous avaient maltraité⋅es ou voulaient vous imposer un geste dont vous ne vouliez pas?

Et si vous avez eu la chance de croiser des médecins qui avaient pour vous ce respect élémentaires, combien de personnes autour de vous en ont-elles bénéficié de la part de leurs collègues? Vous ne savez pas? Posez-leur la question.
Revenir en haut Aller en bas
 
05/05/2019 - HuffPost - Neuf obstacles à la santé des femmes dans la France de 2019
Revenir en haut 
Page 1 sur 1
 Sujets similaires
-
» HuffPost - 15/03/2019 - L'hôpital de Perpignan interdit à une mère d'accompagner son fils
» "autoriser " ... nos femmes a prendre des decisions sur la santé des enfants ...
» PMA, les couples de femmes obtiennent l’adoption dans 95 % des cas
» Avortement, GPA - HuffPost
» Liens santé

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
homos-et-parents :: L'actualité gay et lesbienne :: Dans les médias-
Sauter vers: