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 HiffPost - 16/03/2014 - La revendication homosexuelle et le tramway

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Lezzie
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Lezzie


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MessageSujet: HiffPost - 16/03/2014 - La revendication homosexuelle et le tramway   HiffPost - 16/03/2014 - La revendication homosexuelle et le tramway EmptyDim 16 Mar - 21:25

http://www.huffingtonpost.fr/thibaud-collin/la-revendication-homosexuelle-et-le-tramway-questions-sur-le-sens-de-lhistoire_b_4963448.html?utm_hp_ref=france


Citation :

Thibaud Collin
Professeur agrégé de philosophie en classes préparatoires à Paris

La revendication homosexuelle et le tramway, questions sur le sens de l'Histoire
Publication: 16/03/2014 08h49


Un an après les vifs débats sur la réforme du mariage civil, il n'est pas inintéressant de poser quelques questions sur le sens historique d'une telle réforme, sur son devenir et sur la nature des résistances qui lui sont opposées.

Ceux qui ont porté la revendication homosexuelle l'ont fait au nom de l'égalité des droits en cherchant à l'inscrire dans une lecture progressiste de l'histoire. C'est pour cela qu'ils ont utilisé l'analogie entre racisme, sexisme et hétérosexisme pour souligner une continuité entre les diverses luttes des dernières décennies et manifester simultanément que les opposants à une telle revendication n'étaient pas dans le sens de l'histoire moderne; leur combat est à leur yeux non seulement réactionnaire mais surtout vain. La revendication à l'égalité des droits obéit à une logique qui se déploie inéluctablement depuis le XVIIIe siècle; l'extension de son champ d'application en est un des signes les plus manifestes. La gauche de gouvernement a su habilement saisir cette logique et l'investir dans le champ sociétal pour faire oublier son désinvestissement corrélatif dans le champ social.

L'adhésion implicite à cette philosophie de l'histoire rend d'autant plus illisible le choix fait par le gouvernement de déconnecter la question du mariage et celle de la filiation. L'exclusion de la PMA et de la GPA des débats sur la réforme du mariage puis de la loi famille révèle une incohérence au regard de cette logique historique. L'esprit de la revendication est de libérer les liens familiaux de leur étayage sur un quelconque ordre naturel perçu comme limitant les volontés individuelles. Si on a congédié la différence des sexes comme condition objective au mariage pour la remplacer par le libre consentement entre deux adultes, pourquoi ne pas faire la même chose dans le cadre de la filiation? Seule la volonté contractuelle entre partenaires ayant un projet parental devrait être le fondement sur lequel bâtir l'édifice juridique de la famille postmoderne. On se demande d'ailleurs combien d'années seront nécessaires pour que l'opinion publique comprenne que la monogamie est elle aussi en opposition avec une telle logique. Jacques Derrida avait identifié avec sa perspicacité habituelle que le mariage civil n'était qu'une mauvaise copie du mariage sacramentel et que, somme toute, il était logique de supprimer cette institution hybride pour la remplacer pas un contrat de vie à n partenaires. Le sens progressiste de l'histoire n'est donc pas "un tramway dont on peut descendre à n'importe quel moment".

Comment comprendre à partir de là la persistance de l'opposition à une telle revendication? Dans une vision progressiste, ceux qui ne vont pas dans ce que l'on a déterminé comme étant le sens de l'Histoire apparaissent logiquement comme des ignorants, des naïfs, des hypocrites, des malades (atteints d'homophobie) ou encore comme des idéologues qui cherchent à conserver les places acquises, en l'occurrence ici le pouvoir hétérosexiste sur les homosexuels. Bref, il faut expliquer leur attitude en identifiant les causes de leur refus d'entrer dans le mouvement. Pourquoi rester à quai quand le tramway démarre?

C'est ici que cette logique progressiste bute sur une logique d'un autre type. La persistance de l'opposition est fondée sur l'adhésion à une lecture non plus d'abord temporelle de l'existence humaine mais ontologique. Dans le devenir humain, tout ne devient pas et c'est pour cela qu'on peut le nommer humain. Dans cette optique, la sexualité humaine a en tant que telle diverses dimensions, jouissive, relationnelle, procréative; et elle devient pleinement intelligible par cette exigence constante d'articuler ces dimensions. C'est cette articulation qui est principe de lecture des phénomènes, notamment des institutions. C'est à cette aune que la revendication au mariage et à la parenté apparaît comme contradictoire.

Wittgenstein fait la différence entre l'interdit et l'impossible. On n'interdit que ce qui est possible; ce qui est impossible n'a pas besoin d'être interdit. Les institutions du mariage et de la parenté ont été jusqu'à ces dernières années fondés sur la procréation naturelle (même dans le cas de l'adoption et de la PMA qui gardent la procréation naturelle comme modèle). Pour certains, un tel modèle reposait sur des interdits dont la nature arbitraire a été manifestée puisqu'il a été réformé et que désormais est possible ce qui jusqu'alors apparaissait comme impossible. L'interprétation des opposants est que les mots mariage et parenté ont changé de sens. Il ne s'agit donc non pas d'une extension de l'assiette du mariage mais de la création d'autre chose.

Prenons une analogie inspirée par Wittgenstein pour conclure. Au rugby, est-ce interdit ou impossible de transformer un essai en faisant passer le ballon en-dessous de la barre transversale? Il semble que ce soit un interdit; la preuve, il suffirait de déterminer un changement de règle, ce qui manifesterait le caractère arbitraire et historiquement construit de la règle précédente. Mais qui ne comprend que l'édiction d'une telle règle changerait la nature du rugby et instituerait donc un autre jeu? Il est donc en fait impossible dans ce que l'on nomme le rugby de marquer des points en faisant passer la balle en dessous de la barre. C'est une question de cohérence interne.

La position des opposants à la revendication homosexuelle apparaît donc comme rétrograde à l'aune du sens progressiste de l'histoire mais un tel jugement reste unilatéral. Il ignore la logique à laquelle ils se conforment, celle d'une cohérence interne des institutions humaines, de leur sens. Bref, une fois n'est pas coutume, Derrida et les "réactionnaires" arrivent à une conclusion identique et font peser la charge de la preuve sur ceux qui continuent à penser que le déploiement des volontés individuelles obéit à une logique. Or entre la volonté et la logique, il faut choisir. Nietzsche est toujours là pour nous le rappeler; la logique de la volonté est de n'obéir à aucune logique.
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HiffPost - 16/03/2014 - La revendication homosexuelle et le tramway
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